Le "George A. Marsh" est une épave qui repose
au fond du Lac Ontario. Même si elle est visitée par des milliers de plongeurs
chaque année, le site est resté presque intact, et cela grâce aux efforts
fournis par les différents groupes qui tiennent à préserver les épaves en
Ontario.
Le "Marsh" fut construit en 1882 par M.J. Footlander dans
l'état du Michigan, à Muskegon plus précisément. C'était une goélette à
trois mâts et son numéro d'immatriculation américain était le 85727.
Monsieur J.B. Flint de Belleville, Ontario fit l'achat du bateau le 17 avril
1914: son titre de propriété fut changé de "Michigan City" à celui
de "Toronto" et on lui donna un nouveau numéro (133750).
Le "Marsh" et toutes les autres goélettes de son temps étaient
maîtresses des Grands Lacs jusqu'à la venue des bateaux à vapeur vers la fin
du 19e siècle. Donc, vers la fin du centenaire, 1899, les goélettes furent
utilisées pour faire toutes les "jobs" qui démoralisaient les marins
et ravageaient les bateaux. Les belles goélettes souffraient de détérioration
irréversible et leurs marins étaient abattus de fatigue et de désespoir. Ce
sont peut-être les facteurs principaux qui contribuèrent à la disparition
totale de l'ère de la goélette sur les Grands Lacs canadiens. Ce n'est
qu'hypothèse de ma part, mais je crois que c'est fort probable quand on
connaît dans quelles conditions pitoyables on devait naviguer à cette époque.
D'après les recherches de Ken McLeod, archiviste et généalogiste, le
"Marsh" fit partie d'intrigues canado/américaines. Lors de l'été de
1887, John McGarigle, un criminel recherché de Chicago s'évada. Il fit un
pacte secret avec le capitaine de la goélette canadienne "Edward Blake",
pour se rendre en cachette au Canada. Il utilisa le nom de "Williams"
et monta à bord de la goélette tard dans la nuit. Les policiers de Chicago le
poursuivirent en bateau par les voies du Lac Michigan et puis du Lac Huron.
Malheureusement, le "Edward Blake" entra en collision avec le
"George A. Marsh".
Durant les instants de panique et le charivari qui en résultèrent,
McGarigle fit une autre escapade et transborda, encore en secret, sur le "Marsh".
McGarigle s'échappa finalement en territoire canadien près de Sarnia, Ontario.
Les deux capitaines plaidèrent l'innocence à la présence du criminel
McGarigle à bord de leur bateau.
Le "George A. Marsh" débuta sa carrière en transport
maritime de charbon en 1914, au même moment où il est devenu propriété
canadienne.
Malheureusement, sa nouvelle vocation fut de courte durée: il coula le 8
août 1917 après 35 années de service maritime sur les Grands Lacs.
Le bateau fut surpris par une mauvaise tempête qui se déchaîna tôt le
matin sur le Lac Ontario. On avait chargé à bord du "Marsh" à
Oswego NY un chargement de charbon qui était destiné à l'hôpital de Rockwood
à Kingston, Ontario. Après plusieurs heures de lutte contre les éléments, le
"Marsh" succomba à la violente tempête. Il était près de
minuit.
L'équipage était composé du capitaine John W. Smith, sa femme et ses cinq
enfants; un officier, Neil McLennan, sa femme, son bébé et son neveu; et trois
matelots. Après cinq heures d'une bataille désespérée, le bateau et la
majorité de l'équipage sombraient à jamais au fond des eaux du lac. Seulement
un des matelots et le frère du capitaine survécurent pour raconter leur triste
histoire. Ce fut la fin tragique du "George A. Marsh", de
quelques hommes, deux femmes et sept petits enfants.
L'épave repose solennellement là où il coula; c'est un site qui hante les
sens et qui nous rend humble devant Dieu. Le "MARSH" est dans 25
mètres d'eau, dressé bien d'aplomb, avec une coque restée intacte. Je
recommande que vous soyez habillé chaudement caries couches thermiques sont
très prononcées. Aussi le Lac Ontario est très sombre et une lampe
sous-marine sera nécessaire. La visibilité est toujours meilleure au printemps
et à l'automne, mais les vagues ne sont pas toujours très coopératives. La
visibilité varie de 3.5 mètres à 6.5 mètres, donc il ne faut pas déranger
le fond car on peut perdre facilement le peu de bonne visibilité qu'il peut y
avoir sur l'épave lorsqu'on y arrive.
Le site même est situé près de l'île de Amherst et on n'a accès à
l'épave que par bateau. Dive Quest Inc. de Kingston offre un excellent charter
vers le "George A. Marsh" pour la journée. On y trouve à bord de
l'air, une trousse de secours, de l'équipement de haute performance pour
s'assurer que tous les plongeurs ont une journée de plongée confortable et
très sécuritaire. Dave, le propriétaire offre même de vous trouver du
logement ou un camping pour votre fin de semaine de plongée à Kingston. Preserve
Our Wrecks de Kingston a fait installer un système d'amarrage à l'avant de
l'épave. Ceci empêche les embarcations d'endommager inutilement l'épave du
"Marsh" par leurs manœuvres d'ancrage. Save Ontario Shipwrecks
offre de belles plaques submersibles avec informations sur l'épave, ce qui rend
la plongée beaucoup plus intéressante.
Même après 74 années sous l'eau, sa coque est demeurée en très bonne
condition; ses parapets, ses poulies, et sa roue ont aussi été remarquablement
préservés. On peut aussi y retrouver un petit bateau de secours, un poêle
avec une marmite de cuisson et d'autres artefacts, mais il est à espérer que
personne n'enlève tous ces beaux items.